Si c’était une fable, ça pourrait commencer comme ça :
Maître pigeon, sur son balcon perché,
Pensait ici n’être point menacé.
Maître Yannou, flairant la bonne idée,
Offrit au chat d’aller un peu chasser
Sauf que ça n’est pas une fable. Tout juste une pièce de théâtre, en deux actes. De l’authentique théâtre dramatique.
Acte I. Il fait beau, il fait bon à Toulouse ; les portes-fenêtres de la salle-à-manger sont grandes ouvertes. Akemi prend l’air et le soleil sur le rebord de l’une d’elles. Sur l’autre, Maître Pigeon, pas plus effrayé que ça, ni par ma présence à moins d’un demi-mètre de lui, ni le chat sur l’autre balcon Les balcons ne sont pas très éloignés, et Akemi vient de trouver un nouveau copain de jeu. Elle miaule, remue la queue, passe la patte à travers la grille pour essayer de toucher le pigeon. Pas facile. Pas facile non plus de lui faire comprendre qu’il suffirait de passer par l’intérieur pour aller bouffer ce con de pigeon, qui n’est vraiment pas décidé à s’envoler.
Dans l’unique but de ne pas décevoir l’admiration sans faille que me porte Akemi, je suis allé moi-même la chercher pour l’amener (contre son gré), sur le bon balcon. Il lui a fallu un moment pour regarder du bon côté, et enfin retrouver son nouveau jouet. 3.. 2.. 1.. Fight ! Le chat se jette sur le pigeon, qui retrouve ses ailes et fuit lâchement.
Acte II. Le même jour, un peu plus tard. Le pigeon revient, sur une fenêtre de la cuisine, cette fois, qui est fermée. Toujours aussi peu effrayé par notre présence de l’autre côté de la fenêtre. J’appelle alors notre chasseresse, qui met un moment avant de le voir, mais ne le lache plus des yeux ensuite. Modérément inquiet, le jouet fait les allers-retours sur le baclon. Plutôt excité, le chat la suit des yeux. Ca joue gentiment… jusqu’à ce que j’ouvre la fenêtre.
Et là ça n’a fait ni une, ni deux. Akemi a sauté sur le balcon, et a attrappé le pigeon dans sa gueule avant même que celui n’ait le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Soucieux de préserver notre appartement vide de cadavre de pigeon et de plumes, j’ai vite fermé la fenêtre. Akemi s’est donc retrouvée coincée sur le balcon, avec le pigeon dans la gueule. Ne sachant quoi en faire, elle le posa. Pas fou, le proie voulut s’échapper, mais le prédateur lui rappela de quelques coups de pattes bien placés qui était le maître.
Magnanime comme je suis, j’en profitai pour faire rentrer Akemi, et laisser partir le pauvre pigeon. Malheureusement, celui-ci était bien sonné, et ne bougeait plus trop sur le balcon, quand le chat admirait son travail de l’autre côté de la vitre. Pour la laisser finir ce fabuleux travail d’équipe, je lui ai ré-ouvert le fenêtre. Alors qu’elle se précipitait sur le pigeon agonisant, ce dernier trouva au fond de lui suffisamment de force pour fuir de nouveau.
Score final : Akemi 2 – 0 Le Pigeon.